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Rencontre avec Pascal Reverte à propos de "Peut-être Nadia"
Une création de la compagnie
Le tour du Cadran
écrite et mise en scène par Pascal Reverte
Par Catherine & William HERREMY
Pascal Reverte entrevoit pour nous tout ce qui se joue à cet instant précis où Nadia Comaneci franchit la note de 10.
Il s’arrête, rembobine, ralentit, accélère, et cherche les questions à toutes les réponses entendues et servies derrière ces barres asymétriques.
Ces images nous parlent et on nous parle de ces images :
la perfection, le pouvoir, les enjeux, la place, la poupée.
Ce soir, on parle de Nadia Comaneci, jeune athlète roumaine de 14 ans qui remporta en 1976,
la médaille d’or aux jeux olympiques de Montréal avec un exploit aux barres asymétriques.
Voilà on y est, ça commence. Nous rentrons directement dans une exploration théâtrale en lien avec la mémoire, ou plutôt l’exploration des mémoires en lien avec le théâtre.
Face aux coulisses de l’histoire, aux grands de ce monde, on côtoie Nadia, on apprend sa vie, réelle ou fantasmée, comme un enchainement de gymnastique qui s’apprend à force de « recommence ».
Elle s’inscrit en nous, comme la jeune fille qu’on aurait voulu être, comme la petite soeur que l’on aimerait protéger. Nadia vole, et reste en suspens. Elle semble marquée par l’absence de peur et cela perturbe mon immobilisme intime.
Je deviens responsabilité.
C’est ça le théâtre.
J’ai la sensation intime que ce spectacle s’adresse à moi, ou plutôt que tout parle de moi.
C’est exactement ça le théâtre.
Je suis aujourd’hui et je suis 1976, je suis une année.
Je suis Nadia.
Merci pour ce grand angle, pour ces larmes.
Merci pour ce théâtre qui prouve que l’on reconnait le bonheur au bruit qu’il fait quand on le retrouve.
Découverte, relecture de la petite histoire dans la grande.
Et surtout émotion à en devenir bouleversante.
Tout remonte en moi comme un tsunami : l’espoir, l’enfance, l’insouciance des années soixante dix, l’adaptation au changement, aux murs qui tombent. Nous, spectateurs, témoins et juges de la politique, de ses chaos tels des rouleaux compresseurs de notre propre histoire.
« Peut-être Nadia », petite Nadia, immense Nadia, femme qui nous ressemble. A la fois, enfant, muse, avec ses rêves d’être, ses victoires, ses secrets, mais également proie des ces abuseurs de pouvoir et de ces profiteurs d’emprise psychologique ou sexuelle.
Et enfin, l’image, l'image donnée, qui n’est jamais tout à fait nous.
Comme notre histoire réinventée à force de souvenirs délavés ou redorés pour mieux s’en imprégner et la recracher avec conviction.
« Peut-être Nadia » que nous livre Pascal Reverte, c’est tout cela à la fois sur fond de « Hôtel California », une immuable mélodie dans le coeur.
« Mes émotions sont dans une de ces boites de lessive jaunes en forme de dés qui trainent dans la cour.
Je le sais depuis toujours, et quelquefois, certaines rencontres, comme « Peut-être Nadia », en ouvre une sur un double six. »
Voilà c’est ce que j’avais envie de dire, là, maintenant !